((ensemble)) - megumi

plic, plic, plic. la bruit de la pluie.
ploc, ploc, ploc. le bruit de tes larmes.

elle serre les poings, elle a envie d'hurler. contre eux, contre lui, contre le monde entier, contre elle.
ça tourne en boucle dans sa tête, les images, son frère. les cris.

cette scène est récente. l’un des éléments qui a bouleversé sa vie.

megumi est née au mois de mars à Tokyo, dans une famille, tout ce qu’il y a de plus banal. son père, sa mère, son grand-frère. son père est un commercial et sa mère est femme au foyer; meg n’avait que deux ans d’écart avec son grand frère. monsieur akaya partait régulièrement, parfois des semaines, des mois, avant de revenir, repartir. meg ne s’était jamais trop posée de questions jusqu’au jour où il n’est pas revenu. la dernière fois qu’elle l’a vu, c’est lorsqu’il est passé à la maison dire à maman qu’il divorçait. les papiers étaient prêt.

suite à ça, maman akaya est tombée en dépression. alors son frère a arrêté les études assez tôt pour décrocher un petit boulot mais, c’était pas assez. la misère se faisait ressentir, ils ont du déménagés de leur belle maison pour un appart’ assez limité mais, ils n’avaient pas vraiment les moyens d’aller ailleurs.

pour aider, à côté de ses études, elle avait un job de caissière. elle s’est payée le permis - ça a prit du temps, puis elle a changé pour faire des livraisons de nourriture, ça durait plus tard et ça payait plus.

au début, elle était en droit, puis elle a changé pour la psycho. puis meg elle a encore changé. instable, complètement, elle ne savait pas où se diriger et c’était pas sa mère, la plupart du temps alcoolisée, qui allait l’aider, la guider. elle pouvait compter sur son frère mais il trempait dans tellement d’histoires louches que pour son bien, elle le savait, il la mettait à l’écart.

si seulement elle avait su.

elle s’est noyée dans l’art meg. dans la peinture, ses pinceaux, ses tableaux. parfois elle essayait d’en vendre sur des sites sauf que c’était un peu compliqué mais elle a jamais désespérée.

cette année, elle a même reprit une licence d’art pour être au mieux mais elle aime pas trop. ils sont trop guidés, pour le coup, trop encadrés. y’a pas vraiment de libertés, faut rester bien en accord avec la société, pas dessinés des trucs qui dérangent. et c’est chiant car, elle aime bien les trucs comme ça.

elle court. elle vient de vendre. la drogue. elle a honte, elle a peur mais elle le fait pour lui, elle s’sait que c’est pour leurs biens. c’est pas la première fois mais là, elle trouvait ça étrange, une mauvaise intuition.

en arrivant devant chez lui, elle est essoufflée. elle ouvre. le drame

retour à l’instant présent.
l’enterrement de son frère. sa vie gâchée.
sa mère qu’elle a envie de secouer.
une bouteille qu’elle a envie de vider, d’oublier.

sans mettre de côté les disparitions qui commencent de plus en plus à peser, elle ne reste pas aveugle et sait que la peur, les doutes se développent partout. et elle ? elle ne sait même plus quoi penser, elle en est curieuse, car meg est une curieuse. mais est-ce vraiment raisonnable ?